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VOYAGE AUTOUR DU MONDE

« Canayen » qui avait vu les Bancs de Terreneuve peints en vert, cette année-là ! Nous voguons sur la côte nord-est de Sumatra, dont nous apercevons les phares. À notre gauche, la mer de Chine est parsemée d’îles boisées et montagneuses.

5 février — Au réveil, nous sommes dans le détroit de Banka, entre l’île du même nom et Sumatra. Toute la journée, nous voyons la terre, des deux côtés. La nuit a été douce et fraîche. Nous nous attendions à être brûlés par le soleil sous l’équateur ; nous sommes agréablement désappointés. Jusqu’à présent, nous n’avons pas souffert de la chaleur. C’est joli de voir tout ce monde vêtu de blanc, au milieu de tant de couleurs portées par les indigènes ; on se croirait à une mascarade. Les boys de service, tous Javanais, vont pieds nus et coiffés d’un turban multicolore aux teintes sombres ; on dirait de la peau de serpent ou de crocodile.

À chaque étape apparaît un monde nouveau et toujours plus étrange ; les contrastes sont renversants.

6 février — Nous côtoyons toujours Sumatra dont une certaine partie est encore habitée par des peuplades barbares. Sur notre gauche, l’immense île de Bornéo qui n’est guère mieux partagée, sous le rapport de la civilisation. Nous entrons dans le détroit de la Sonde qui sépare Java de Sumatra. Voici l’île de Krakatoa, non pas entière ; il y a une quarantaine d’années, une éruption du volcan, le Perbuatan, en secoua une partie qui s’enfonça dans la mer, entraînant dans l’abîme quarante mille personnes ; un raz de marée transporta là-bas, sur une montagne de Sumatra, un navire en fer à une distance de plus de cinquante milles, dit-on.

En face, Java se dessine. Nous verrons donc enfin cette île merveilleuse dont parlent avec tant d’enthousiasme ceux qui ont eu la bonne fortune d’y aborder.

7 février — À six heures du matin, l’officier de quart fait un bruit de crécelle à la porte de notre cabine et annonce, dans un anglais jargonné à la hollandaise, que dans un quart d’heure nous serons au quai de Tandjong-