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VOYAGE AUTOUR DU MONDE

haut du pont dans les bras de son amant qui, du môle, lui tend les mains pour la recevoir avec amour.

Personne ne nous salue, nous ; les corbeilles de fleurs qui montent sur la passerelle ne sont pas pour nous ; nous nous consolons par l’imagination et le souvenir— en peuplant le môle de nos parents et de nos amis qui nous adressent et à qui nous adressons des salutations et des souhaits affectueux.

Nous descendons la rivière Whampoo à petite vitesse, dans la brume ; nous croisons des navires de guerre français et japonais ; une canonnière anglaise nous dépasse. Nous filons entre deux rangs de navires marchands battant tous les pavillons du monde.

Le Venezuela est un bateau de onze mille tonneaux, sans luxe mais d’une belle tenue. Il a été construit en 1914 ; son équipage est américain, chinois, philippin ; salle à manger blanc et or, spacieuse, cuisine excellente. La musique nous berce de ses airs doux comme le caractère de ses musiciens ; violons, mandolines, ukuleles. On danse sur le pont.


« Sailing, sailing, over the bounding waves ! »


11 janvier — Nous nous sommes couchés, hier soir encore sur la mer Jaune. Les rivières teignent l’océan de leurs eaux boueuses à dix, vingt, trente milles de leur embouchure. La mer est grosse ; comme nous avons vent arrière, le roulis est doux et le tangage nullement désagréable. Nos compagnons de route en sont enchantés, car la traversée qu’ils viennent de faire d’Honolulu au Japon, a été terrible ; le bateau a été retardé de deux jours. Le commandant Nelson prétend que c’est la pire traversée qu’il ait faite depuis sept ans.

À 10 heures du soir, une lumière intermittente signale l’île de Formose que nous longerons une partie de la journée, demain.