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VOYAGE AUTOUR DU MONDE

cabines sur le Cordillère de Colombo, capitale de l’île de Ceylan, à Port-Saïd que nous atteindrons ainsi une dizaine de jours plus tôt. Nous devrons, naturellement, retrancher un peu sur notre séjour projeté aux Indes. Il ne faut pas maugréer ; la congestion est telle que bien des gens attendront dans les divers ports de l’Orient un temps indéfini.

Le Venezuela prend de l’avance ; il sera ici dimanche ; nous partirons lundi midi. En attendant nous magasinons toujours et nous courons chez tailleurs pour dames et messieurs, les prévenir de hâter la confection afin que tout soit à point pour dimanche soir.

9 janvier — Il fait beau enfin pour la première fois depuis notre arrivée à Shanghaï. Je n’ai jamais subi température si maussade, si froide, si crue, si humide : du brouillard, de la pluie, du vent. J’utilise mon kodak pour dire que j’apporterai un instantané ou deux du Paris de l’Orient. Du pont de la rivière Whampoo, je concentre dans l’objectif de mon instrument autant de sampans que je puis, afin d’avoir une faible idée de la vie extraordinaire de toute cette gent aquatique dont le destin est de barboter de la naissance au tombeau. Ils paraissent heureux cependant sur ces eaux dans lesquelles tout microbe qui se respecte ne voudrait pas vivre, comme a dit Mark Twain des eaux du Gange. Il faut toutes espèces de gens pour faire un monde.

10 janvier — Levés de bonne heure, pour mettre la dernière main aux malles dont le nombre s’est accru de deux. Je vous ai dit que nous avions magasiné à Shanghaï.

Il fait un temps gris, un vent désagréable. Nos deux fidèles jinrickshas, Adou et Ani, nous attendent à la porte. Ils sont à notre service depuis notre arrivée. Deux mots d’anglais, « Master » et « Going » constituent tout leur vocabulaire, mais ils nous devinent. Ils se sont tellement habitués à nos courses qu’ils nous voiturent aux magasins, chez les tailleurs, à toutes les boutiques où nous avons affaires, et dans l’ordre voulu. « Adou, Ani : go Woochong, go Laou-Kai Fook, go Dah Zung, go Sincere, go Tom,