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VOYAGE AUTOUR DU MONDE

pas suffisamment dressés. Lorsqu’ils reviennent de leurs plongeons, un poisson dans le bec, le pêcheur leur enlève leur capture et les relance jusqu’à ce que la barque soit remplie. La pêche terminée, l’anneau est enlevé du cou de ces bonnes bêtes qui en sont quittes pour le plaisir de leurs ébats dans l’eau boueuse et fétide.

Des maisons, si on peut donner ce nom aux huttes d’adobe et de paille, émergent ça et là dans les marais. Je ne puis concevoir comment des êtres humains peuvent vivre dans de si misérables taudis, au milieu de tant d’humidité. Les familles vivent avec les animaux, les porcs surtout, qui se trouvent partout en Chine. Cet animal s’identifie tellement avec la vie domestique que les caractères d’écriture chinoise pour le mot home, représentent un porc sous un toit de maison.

À 3 heures 30 p.m., nous atteignons Pukow qui est séparé de Nanking par le Yiang-Tsé-Kiang, le fameux fleuve bleu. Il ne porte pas bien son nom. C’est un grand fleuve jaune, navigable jusqu’à trois mille neuf cent trente kilomètres de son embouchure ; il prend sa source dans le Thibet. Sur ses bords, s’élèvent plusieurs grandes villes, entre autres Han-Kéou, Hang-Gange, Woo-Chang. Plus d’un million de population vit sur ses eaux dans des sampans. On estime que plus de six millions d’indigènes vivent ainsi dans des embarcations. On y naît ; on y vit ; on y meurt ; on y meurt surtout… souvent et vite. Toute une famille s’accommode dans un sampan de quinze pieds par cinq.

En Chine les chemins de fer sont peu nombreux ; les routes carrossables à peu près inconnues. On va comme ça, en zigzag à travers les champs. Les fleuves, les rivières, les moindres cours d’eau sont utilisés comme voies de transport.

À Pukow, des navires de guerre chinois et hollandais mouillent au milieu du courant. Il n’y a pas de pont. Quatre coolies transportent notre bagage au bateau traversier. Il pleut. Où nous sommes passés hier, il ne pleut pas ; il n’a pas plu depuis trois ans, et Dieu sait