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ASIE — CHINE — TIEN-TSIN — PÉKIN

Shui, décédé à l’âge de trente-trois ans, n’a pas de monument. Ce fut le dernier empereur de Chine ; la république a été proclamée à sa mort. Entre le temple dédié à la mémoire des ancêtres et l’autel du Ciel s’élève le temple de la Prière, édifice circulaire d’une grande richesse. Ses colonnes reposent sur un amphithéâtre semblable de forme, de disposition et de matériaux à l’autel du Ciel. Il est orné d’un trône et de six paravents en laque d’or à l’usage des princes. On y voit aussi des consoles en treillis de bronze sur lesquelles l’empereur sacrificateur dépeçait pour les pauvres les bêtes offertes en holocauste ; à remarquer les colonnes en laque vermillon sur lesquelles sont gravés des phénix et des dragons.

Peuplez ces autels, ces temples, ces avenues sous bois, ces promenades, de milliers et de milliers de princes, princesses, grands de la cour, ducs, chambellans, généraux, que sais-je, vêtus, parés, costumés, décorés, empanachés, couverts de pierreries étincelantes et de vêtements aux couleurs resplendissantes comme seul l’Orient peut en produire ; ajoutez-y l’éclat de la puissance, la majesté impériale, ceinte de l’auréole sacro-sainte, de la divinité elle-même personnifiée par l’empereur, vrai Jupiter vivant, et vous aurez une faible idée de la splendeur de ce lieu à l’époque des grandes célébrations.

Que le paganisme ait éclipsé le catholicisme en magnificence décorative, je le crois volontiers ; puisqu’il a déifié la matière, il faut bien qu’il fasse beau son dieu ! Ne le trouvant jamais assez parfait, il l’embellit sans cesse.

Le temple du Ciel et ses dépendances couvrent une superficie de quatre milles carrés.

Un mot du temple de l’Agriculture. La bonne Cérès est toujours modeste. Quand à Versailles, aux Trianons, les belles dames de la cour des Louis, grands et moindres, se faisaient bergères aux champs, jouaient au moulin, trayaient Caillette dont le lait blanc ruisselait entre les rubis, les émeraudes, les saphirs et les diamants qui étincelaient aux doigts des royales bergères ; quand ces pastourelles à la Watteau cueillaient les papillons, les