de trois à quatre cents marches, un corps de logis principal relié par une galerie couverte d’un mille de longueur. Le plafond de cette galerie est décoré d’une mosaïque de miniatures délicates, œuvres des artistes les plus célèbres de l’empire céleste.
En 1895, l’impératrice douairière détourna cinquante millions de dollars des fonds publics qui devaient servir à la marine nationale et construisit cette cité de palais ; deux théâtres : un pour elle-même, l’autre pour son fils, un kiosque en bronze solide à fondation de marbre pouvant contenir à l’aise quarante personnes ; au centre : une table de même alliage, pesant une tonne ; au milieu du lac : l’île sacrée, reliée à la terre ferme par un pont de marbre de dix-sept arches ; un bateau en marbre blanc sur le pont duquel on sert le thé ; des miroirs à profusion, jusque sur les murs extérieurs ; des urnes, des dragons, des phénix bronze et or. Je cesse d’énumérer ; c’est à s’y perdre et à en perdre la tête.
Le Palais d’hiver, dans la cité interdite, est d’une extravagance inouïe, mais il pâlit à côté du Palais d’été. « Est-ce plus grandiose, plus luxueux que le Louvre, Versailles, Saint-Cloud, Saint-Germain, Saint-James, Windsor, Balmoral » ? demandez-vous. C’est tout autre, tout différent.
Notre excursion fut brusquée par le vent jaune. C’est le simoun de la Chine : un vent qui charrie la poussière, les sables du désert de Gobi et teint l’atmosphère en safran, un vrai temps de chameau. Heureusement notre limousine nous a protégés. Nous sommes rentrés tout d’une flèche à l’hôtel, oubliant le lunch que nous avions commandé pour le relais du midi, au café de la Fontaine de jade.
Le temps s’étant un peu apaisé, nous en profitons pour visiter le palais impérial dans la Cité Interdite. Ce palais n’a jamais été habité, à proprement parler ; il servait aux audiences et réceptions officielles. Depuis la république, on a réuni là, dans un musée très bien aménagé et gardé, tous les trésors du palais des empereurs, leurs