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VOYAGE AUTOUR DU MONDE


Pour tuer le temps, je fredonne sotto voce, tous les refrains imaginables que j’ai entendus sur la Chine depuis mon enfance.


« Or, écoutez, petits et grands,
L’histoire de nos accidents
Et le récit d’événements
Egalement intéressants.
Nous avions, bravant la routine,
Formé le projet colossal
De nous en aller jusqu’en Chine,
Pour chanter des chœurs à Pékin.
Le projet n’était pas mesquin ;
L’idée était même splendide…
— — — — — — — — — — — —
Ô gai, gai gai, à l’étranger
Qu’il fait bon d’aller en voyage !
Ô gai, gai, à l’étranger
Qu’il fait bon d’aller voyager ! »


Ma mémoire est au bout de sa ficelle ; si la suite vous intéresse, consultez Laurent de Rillé. Je soupçonne qu’il n’est jamais venu ici. Je dois être en Céleste Empire le pionnier de ses refrains.

À Fang-Fu, nous traversons des marais salants ; des moulins à vent, à voiles pivotantes, pompent l’eau de la mer dans les réservoirs. Un steamer et trois beaux voiliers à cinq mâts prennent du chargement. Sur les hauteurs, des postes d’observation aux murs solides où, jadis, des feux étaient allumés pour signaler l’approche de l’ennemi.

Tien-Tsin ; le train est envahi par une grande foule retardée par l’accident de la nuit précédente. Nous donnons l’hospitalité de notre compartiment à des Russes exilés. Ils nous font une triste peinture de la malheureuse situation de leur pays, de la misère qui y règne, des exactions des commissaires bolchévistes et le reste. Ils n’ont reçu aucune nouvelle de leurs familles depuis trois ans. Nous nous enregistrons au Grand Hôtel de Pékin.