Page:Wilson - Voyage autour du monde, 1923.djvu/153

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
113
ASIE — CHINE — TIEN-TSIN — PÉKIN

ratisse les champs, les vallées, les collines. En un long jour, il gratte un fagot d’herbes sèches, de maigres racines qu’il brûle en une nuit. Imprévoyance criminelle des gouvernants et des gouvernés ! Ce pays était autrefois d’une grande richesse forestière. Leçon pour nous ! Le sol est ainsi amaigri et épuisé au point qu’il ne produit plus ; ajoutez la sécheresse extrême de cette année et des deux années précédentes, vous avez en deux mots l’explication de la famine actuelle. La situation est critique ; mais les provisions arrivent en quantité. Les contributions sont abondantes ; des trains et des trains chargés de riz et de sorghum circulent dans toutes les directions ; des monceaux de sacs dodus encombrent les gares.

Il fait très beau ; pas un brin de neige. Nous avons laissé vent et giboulée dans la montagne, à trois heures hier, l’après-midi.

Il est 2 heures 15 du matin ; le train a stoppé. Dormons ; il repartira bientôt. À 6 heures 15 a.m., réveil ; le train ne bouge pas ; il n’a pas bougé de la nuit. Je sonne pour savoir la cause de cet arrêt prolongé. « Master, accident, accident, coalee tlain » , m’explique le « boy » avec force gestes et commentaires plus ou moins intelligibles. Je finis par comprendre que, vers minuit, un train charbonnier a déraillé et obstrue la voie. Le brave garçon n’avait pas voulu troubler notre sommeil pour si peu. Dix heures, le train descendant nous reçoit ; le nôtre prend ses voyageurs. Après un transbordement plutôt gai, par une belle matinée, nous repartons pour Pékin que nous atteignons à neuf heures du soir au lieu de dix heures du matin, temps fixé par l’horaire.


« Dans mes voyages,
« Combien d’orages,
« Que de naufrages !.. »