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Chapitre VI

CHINE


Tien-Tsin — Pékin


12 décembre — Nous prenons le train à Mukden, à 10 heures 20 a.m., à destination de Pékin, cinq cents milles au sud. Nous y serons demain, à la même heure, si tout va bien. Bon train, mais chinois cette fois. Compartiment spacieux, confortable, pas très propre.

Peu de femmes à bord. La chinoise voyage peu, elle est plutôt casanière ; elle n’aime pas le dehors comme sa cousine mousmé. Elle n’a pas non plus la même conception de la beauté. Le rêve de Mimosa-San, c’est l’œuf se tenant sur le petit bout ; tout le manège de sa toilette vise à cet effet. Sa voisine Kee-San, la coréenne, imite la cloche, la fleur de lotus, le lys renversé. Chu-chin-cha, la pékinoise, jalouse la toupie ; voilà pourquoi elle supprime ses pieds en les comprimant en horribles moignons. Elle manque son effet. La démarche est pénible à voir et disgracieuse. Depuis la république, la pratique de comprimer les pieds est interdite. Il reste malheureusement beaucoup de victimes de l’ancienne mode.

Le train file lentement, lentement, de quinze à vingt milles à l’heure. Ne nous plaignons pas : nous sommes à bord du grand rapide, du train de luxe de la ligne. Les montagnes nous suivent encore. Nous courons vers une chaîne, au nord. Il tombera encore un peu de neige durant la nuit peut-être, comme l’autre soir. Nous traverserons la plaine immense, infinie, jaune, brûlée par une sécheresse de quatorze mois et râpée, peignée jusqu’aux racines du plus petit brin d’herbe, pour le combustible. Comme en Corée les arbres sont rares. Vu la rareté du bois de chauffage et du charbon, le pauvre