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VOYAGE AUTOUR DU MONDE

Trois arcs élevés et plusieurs pylônes en pierre précèdent la porte d’entrée. Vingt-deux pavillons, grands comme des temples, font le carré en avant du tombeau. Les toitures sont en tuiles émaillées, vertes et jaunes. Deux éléphants, deux chameaux, deux chevaux, deux lions, quatre chiens de garde de plus de dix pieds de hauteur chacun, sans compter le piédestal, tous en granit, bordant, à intervalles de cinquante pieds les uns des autres, une avenue de soixante pieds de largeur, sous les pins, indiquent l’entrée du deuxième pavillon. Au fond, le tombeau : un môle en ciment de cent cinquante mètres de circonférence en fond de chaudron renversé qu’un grand pin ombrage ; voilà la demeure dernière d’un dieu mandchou. Le môle est en plein air ; rien ne le recouvre que les rameaux du conifère. C’est le mode d’enterrement coréen et chinois. Au retour nous traversons le cimetière de la ville. Pas une seule pierre tombale, rien que des môles de trois à quatre pieds de hauteur pour les adultes, de moindre élévation pour les enfants. À part cela, rien qui indique un champ du dernier repos. C’est nu et morne.

Au centre de la ville, le palais des derniers empereurs, complété en 1637, est inhabité depuis bien longtemps. Il fut d’une grande splendeur à en juger par ses beaux restes, souillés, hélas ! par les pigeons qui, seuls, y tiennent leur cour à présent. Les traces de leur passage se voient jusque sur le magnifique trône adossé à un paravent et au plafond, chef-d’œuvre de décor qui a inspiré bien des artistes. Ces reliques d’un autre âge sont abandonnées. Le cicerone, qui les fait voir pour quelque obole, découvre le trône qu’il protège tant bien que mal d’une toile contre les indiscrétions du colombier ; il indique du doigt les petits singes en faïence et les coqs enfourchés de cavaliers qui agrémentent les arêtes des toitures. Au fond du quadrilatère, à l’arrière du palais où se trouve la coquette chambre à coucher de l’impératrice, au-dessus de celle de son roi et maître, nous remarquons un pavillon, non moins riche, mais plus petit que le précédent.