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ASIE — CORÉE — FUSAN — SÉOUL

de trois ou quatre pièces de cinq pieds carrés. Des oripeaux crasseux pendent aux portes et des bibelots ornent l’intérieur d’une chapelle qui ferait la joie des enfants. Au retour, nous croisons sur la route de pauvres hères portant sur leur dos quelque chose qui nous force à mettre le mouchoir au nez. Pouah ! C’est de l’engrais humain qui servira à féconder les champs de riz !


 
« Vous mangez de beaux légumes,
« Ne vous estimez pas tant,
« Si vous saviez ce qui les fume
« Vous ne seriez pas si gourmands. »


Nous traversons par une porte majestueuse le mur d’enceinte de la ville. Le matin, nous assistons à la grand’messe à la cathédrale de Monseigneur Mutel, évêque des missions étrangères de France, au pays depuis 1877. Cathédrale d’un beau style, assistance en costumes pittoresques ; les femmes séparées des hommes, tous accroupis sur le parquet ; quelques bancs réservés aux étrangers. Visite à l’orphelinat des Sœurs de Saint-Paul de Chartres, qui nous est gracieusement ouvert par Sœur Louise. Il fait bon entendre parler le doux langage de France. Nous lui achetons quelques dentelles, travaux des orphelines. Cent soixante-dix petites filles, recueillies dans la rue, y trouvent le confort et le bien-être. Une naine, qui est venue frapper à la porte de cet asile de charité, porte dans ses bras un bébé qu’une mère inhumaine oublia sur les degrés de l’escalier, un matin. Tout ce petit monde, bariolé de toutes les couleurs, nous salue d’une grande révérence et nous souhaite la bienvenue dans un langage que nous n’entendons pas mais que nous comprenons bien. À la porte, le long du couloir, trois cent quarante sabots alignés attendent les petits pieds.

Par des ruelles tortueuses et étroites où ne peuvent circuler deux promeneurs côte à côte, nous allons à une école de danse des Kee-San, genre geisha. Danses, musique, costumes diffèrent cependant. L’impression qu’elles nous causent est plutôt triste ; il est pénible