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mars 1920. Son palais moderne est resté fermé depuis. Son fils, le prince Li, habite Séoul. L’empereur du Japon le console en lui octroyant le haut patronage de certains établissements, entre autres d’une fabrique de laque et de cloisonné où travaillent, dans une masure, quelque vingt ouvriers qui produisent de fort jolies choses.

Je vous ferai grâce de la description des temples que nous avons visités. Je ne puis, toutefois, résistera l’envie de vous faire contempler dans le cloître de l’un d’eux une énorme marmite en fer dans laquelle bouillait la soupe pour quatre mille moines. A côté de ce chaudron pantagruélique, s’appuie au mur une pierre de quatre pieds par huit couverte d’hiéroglyphes chinois. Ce devait être le menu de ces bons moines.

8 décembre. — Au nord-ouest de Séoul, taillée dans la montagne qui l’encercle, s’étend la grande voie, la route de Pékin. On s’y engage en passant sous le Dokutirsu-mon, l’arc de l’indépendance, érigé en 1895, alors que la Corée secoua le joug de la Chine, pour tomber, dix ans après, sous celui du Japon. C’est par ce chemin que les représentants de la malheureuse Corée se rendaient à Pékin, à cheval, trajet qui durait soixante-cinq jours pour aller, « et autant pour revenir », comme dit la chanson. Nous laissons ce chemin pour entrer dans le défilé du Bouddha blanc. À deux milles, une image du dieu, taillée dans le granit, il y a plus de dix siècles, est peinte en blanc le premier avril chaque année. Une petite table sur laquelle brûlent deux cierges dans des fanaux, est placée sur le gravier du lit du torrent, à sec à cette saison, devant cette effigie de vingt pieds de hauteur, grossièrement ébauchée. Le sable l’a envahie jusqu’aux coudes. Dans quelques années elle sera complètement enfouie. Les générations futures la découvriront et sa réapparition ranimera la ferveur des adorateurs. Ce sanctuaire du défilé sacré est flanqué d’un monastère, dont tout le pieux personnel se compose de deux prêtres et d’une femme vêtus de blanc, qui, accroupis nous regardent par les carreaux au niveau du plancher. Nous pénétrons dans ce monastère