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VOYAGE AUTOUR DU MONDE

avons assisté à une cérémonie où quarante-six prêtres officiaient. Une heure durant, ils ont chanté un hymne dont le chœur consistait dans les trois mots suivants : « Namou Amida Bouddha » — (Ô bon, ô doux Bouddha !) Musique douce et harmonieuse ; service des plus imposants. Cinq ou six fidèles, accroupis dans le sanctuaire près de l’autel, faisaient chanter un service pour le repos de l’âme de leurs parents défunts ; des offrandes, consistant en pains de farine de riz, sont déposées aux pieds du dieu. Beaucoup de cierges que les fidèles font brûler sur les autels, des ex-voto accrochés aux murs et aux piliers : des chapelets que les dévots égrènent et dont ils entourent leurs mains. Les bouddhistes prient tous les mains non jointes, mais collées ensemble, et se prosternent la face contre terre. Les hommes enlèvent leurs chaussures, avant d’entrer au temple, mais beaucoup gardent leur coiffure.

Dans l’après-midi, pèlerinage au temple de Kiyomizu, au flanc d’une superbe montagne et au bout d’une rue bordée de mille échoppes de la plus brillante porcelaine que l’on puisse rêver.

26 novembre. — Excursion au lac Biwa, long de trente-six milles par une dizaine de largeur. Nous nous arrêtons pour admirer un pin énorme et séculaire — plus de mille ans — dont les rameaux s’étalent à deux cent cinquante-six pieds autour du tronc. Du lac, par une course de sept milles à Kyoto, nous revenons sur une embarcation par un canal qui passe sous trois hautes montagnes. C’était pour nous un spectacle tout nouveau de traverser les monts en chaloupe. Le premier tunnel a un mille et demi de longueur. Vingt minutes durant nous avons navigué dans les ténèbres profondes. Le clapotement des eaux avait quelque chose de solennel et de sinistre à donner le frisson. Lorsqu’enfin l’ouverture apparut comme une demi-lune à l’horizon, nous fîmes entendre des exclamations de délivrance et de joie. Les deux autres tunnels étaient de moindre longueur. Ce trajet sur des eaux très noires dura deux bonnes heures. Au débouché, nous étions sur les confins de la ville que nous atteignîmes en une dizaine