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ASIE — JAPON — NAGOYA — SHIMONOSEKI

chacun les flatte. Ils sont de plus petite taille que nos chevreuils, mais non moins élancés. Le soir, vers cinq heures, leurs gardiens les appellent au son de la trompette et, gambadant sous bois de tous les coins du parc, ils accourent au bercail. Nous avons assisté à ce rassemblement ; il faut les voir filer sous la ramure, rapides comme des flèches, sautant par-dessus les racines protubérantes, les uns par-dessus les autres. Ils sont plus choyés que leurs congénères des forêts ; ils jouissent de la plénitude des biens de ce monde en attendant la félicité éternelle dans les bois et les pâturages célestes.


« Dieu prodigue ses biens
« À ceux qui font vœu d’être siens ».


L’étranger est bien accueilli au Japon, mais il doit respecter les lois, les coutumes, le sentiment religieux. On raconte à ce propos qu’il y a quelques années, à Yamada, un mécréant qui visitait un temple, souleva de sa canne un coin du voile qui cache le saint des saints, interdit aux profanes. Il n’eut pas le temps d’atteindre son hôtel ; son cas fut réglé sur-le-champ d’un coup de dague.

Il n’est pas prudent de voyager sans guide en certains lieux ; le danger est probablement exagéré par ceux qui dirigent les voyageurs, mais la prudence est la mère de la sûreté. Avec le bon Tanaka San, notre guide, nous vivons dans la sécurité la plus parfaite. Du reste, un incident de cette nature n’est pas particulier au Japon. Les Japonais ont comme nous le respect de leurs temples.

De l’an 700 à 784, A.D., Nara fut la capitale du Japon. Il est à noter qu’en ce pays toutes et chacune des grandes villes ont été des capitales tour à tour. Il serait long et fastidieux d’en chercher les raisons. Nécessité de la politique, raison d’état, ou caprice des mikados, voilà en trois mots le secret de l’énigme. Ceci explique aussi comment des cités, très populeuses jadis, sont maintenant réduites à la proportion de bourgs ou de villages entourés de parcs où abondent les toris, les temples, les pagodes,