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VOYAGE AUTOUR DU MONDE

Sur l’emplacement du corps principal, plusieurs magasins et des casernes servent à la cavalerie qui manœuvrait dans la plaine au moment où, des guichets du sommet, nous jouissions d’une belle vue d’ensemble de la ville dominée par une résidence impériale, un sanctuaire que nous déclinons de visiter et le musée commercial très moderne, dit-on. Nous en avions assez de cette ville qui se soucie fort peu du confort des voyageurs et ne se donne pas même la peine d’aménager au moins un hôtel convenable.

Notre programme comportait une excursion à Yamada, où l’unique hôtellerie est mi-partie européenne et mi-partie japonaise. L’idée est de fournir aux touristes l’expérience d’une ou deux nuits à la mode nippone. Nous filons sur Nara où l’on trouve un superbe hôtel tenu par le gouvernement, où le vivre et le couvert sont on ne peut mieux, où tout est moderne et cependant dans le style japonais du meilleur goût.

18 novembre — Le trajet de Nagoya à Nara, cinq heures, fut coupé d’un changement de train, au raccordement de Myiajyma où nous laissons les voyageurs en route pour Yamada. Les écoliers et écolières, qui voyagent beaucoup pour s’instruire, nous ont entourés sur la plate-forme. J’ai causé avec les plus avancés qui parlent un peu d’anglais. Un camelot, panier suspendu au cou, criait : « Sandoouitchi bento ! sandouitchi bento ! » (lunch, sandwiches ! ) Bravo, mon garçon, tu me venges de nos bons Anglais, qui chez nous, massacrent impitoyablement nos beaux noms français, au point de transformer la Rivière des prairies en Back River, Chanteclair en Chanticleer, et tutti-quanti.

Ce matin, ma femme m’appelle : « Vite, vite ; viens donc voir à la fenêtre ! ». J’accours et je vois à deux pas, nous fixant de leurs grands yeux doux, deux beaux petits daims qui demandent des biscuits. Nous leur en procurons tout de suite ; ils les mangent dans nos mains. Ils sont trois cents environ qui habitent la ville et les parcs ; ce sont les daims sacrés, aussi familiers que les chiens et les chats avec lesquels ils font bon ménage. On les trouve partout dans les rues ; ils nous suivent, répondent au moindre appel ;