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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

la baie aux Ours, il a pris, d’un seul coup de filet, 150 truites dont le poids variait entre deux et quatre livres. Le gouvernement accorde parfois des permis spéciaux pour utiliser des seines, aux compagnies minières qui se trouvent loin des centres où l’on peut se procurer des vivres.

« Nous capturâmes aussi, me dit-il, diverses autres sortes de truites, pesant jusqu’à huit livres, aux premières cascades de la rivière aux Rapides, au-dessus de la baie McKenzie ; on m’a même affirmé en avoir pêché là jusqu’à neuf livres, mais c’est probablement une rare exception.

« La truite grise des lacs, que les Indiens nomment « Touladie » peut peser jusqu’à quarante livres. Certaines de ses parties, comme le cerveau, sont considérées comme un mets succulent. Le grand brochet du Nord atteint aussi un poids de quarante livres. Souvent, les sportifs américains le confondent avec le maskinongé, car il lui ressemble. Le doré va jusqu’à cinq livres.

« Au lac Obotogamau, on prit des esturgeons de trois pieds de long. Le poisson blanc, dans le lac Chibougamau, peut peser jusqu’à sept livres. La chair du poisson blanc, lorsqu’il est devenu adulte, se compare favorablement avec la sole anglaise, si réputée dans le monde entier.

La plupart des pêcheurs qui vinrent à Rainbow Lodge étaient gais et intelligents, mais il y en eut quelques-uns marqués au sceau de l’abrutissement : ils venaient de Montréal, de New-York et d’autres grandes villes, nantis de force bouteilles d’alcool (qu’ils thésaurisaient précieusement), mais sans vivres, ni tente, ni sac de couchage. Après avoir troublé notre solitude et dévoré nos minces provisions, ils nous quittèrent sans même dire bonjour et leur portefeuille aussi bien garni qu’à leur arrivée.

(Un de mes amis, après avoir lu ce dernier paragraphe, m’a dit : « S’ils avaient partagé leur boisson avec toi… Ah ! C’eût été une autre histoire. »)