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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

ministère des Mines a libéré ces concessions, que n’importe qui peut alors jalonner de nouveau.

Je me hâtai vers le bureau de Bill Lafontaine à la Baie des Cèdres, où l’agent des mines me dit que cette concession était libre depuis trois ans ! C’est là un des hasards bizarres de ce métier, où l’inattendu se dresse à chaque pas. Dans le vocabulaire minier, cette concession s’appelait « un claim de nuisance », car étant entourée de propriétés d’une valeur en puissance très grande, le propriétaire de cette concession en obtiendrait un prix élevé, si jamais des gisements importants étaient découverts alentour. J’achetai donc un permis de mineur et partis pour jalonner à nouveau.

Il est vrai qu’en tant que prospecteur, je n’étais qu’un amateur ; mais je suivais l’exemple d’un grand prédécesseur, car en 1889, un jeune canadien français s’était adressé au Commissaire des Terres pour obtenir un permis de mineur, afin de prospecter dans le comté de Mégantic. Ce jeune homme, qui était Conseil de la Reine et membre du Parlement, n’en connaissait pas plus que moi en fait de géologie. Plus tard, il devint un homme d’État éminent. Il s’appelait Wilfrid Laurier et fut ultérieurement premier ministre du Canada. Sa demande, écrite de sa main, est encore dans les archives du ministère des Mines du Québec.

La pluie, la pluie sans fin, me saturait, mais elle ne m’empêcha pas de naviguer en canot les eaux agitées du lac aux Dorés, ni de jalonner la propriété, couvrant une quarantaine d’acres. Je possédais maintenant les droits miniers sur les deux endroits les plus beaux du Lac Chibougamau. « C’est pas juste », dit un vieux prospecteur, qui avait passé sur ces claims une douzaine de fois.

L’été de 1950 amena dans la région de Chibougamau, des quantités de promoteurs, courtiers et fonctionnaires