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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

Il avait l’avantage de posséder son propre avion, ce qui lui permettait de bondir hors de la forêt et d’y rentrer à volonté. Durant les mois d’hiver, il remplaçait les flotteurs de son appareil par des skis, et volait par toute la contrée du nord, achetant les fourrures des Indiens et commerçant avec eux.

Plus tard, « Scotty » construisit un hôtel sur l’emplacement de la ville. Cet hôtel devint aussi populaire que son propriétaire. Ce diable d’homme semblait avoir mille affaires en main. S’il y avait eu un cheval à Chibougamau, « Scotty » eut certainement ouvert une échoppe de maréchal-ferrant.

L’hôtel contenant six chambres, était bâti selon l’architecture élégante d’une boîte de bœuf en conserves. Puis, voilà, à l’excitation générale, qu’une succursale de la Banque canadienne de Commerce s’ouvrit sur la grand’route, à quelque vingt milles de l’emplacement de la ville. Sur les talons du banquier vint le bootlegger, avec une grande quantité d’alcool frelaté. Et ce fut la réédition de la vieille histoire : l’argent du mineur, durement gagné, passant aux mains du bootlegger qui allait le porter à la banque, laquelle le remettait de nouveau au mineur, en échange de son dur travail.

Les rixes étaient fréquentes chez le bootlegger ; si bien que les gens prétendaient reconnaître un Chibougamauite à son œil au beurre noir. On y joua aussi du revolver, lorsque le bootlegger, ayant ingurgité de sa propre marchandise, tira trois balles sur un prospecteur, également ivre. Heureusement, ce dernier ne fut pas touché. Alors, le tireur et le tiré s’installèrent ensemble pour une tranquille soirée de libations sérieuses. Une autre fois, un foreur s’enfuit avec la femme ou (concubine) d’un bootlegger et quelqu’un prétendit les avoir vus quelque part en Ontario. Le bootlegger, jurant de se venger, se lança à leur pour-