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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

Une solide galerie extérieure, à l’avant de la maison, dominait le torrent impétueux. Là, nous pouvions nous installer dans un fauteuil, lancer des lignes et pêcher à loisir la truite, le brochet, le doré. Izaak Walton, le célèbre écrivain du 17e siècle, ne conçut jamais pareille splendeur ! Il me semble que son « Home range » ne fut jamais comme cela !…

L’existence me parut si agréable dans ma nouvelle demeure, (« Vous avez Chibougamau dans la peau », m’a déjà dit un prospecteur canadien français), que j’y installai une cuisine moderne, nantie d’un vaste fourneau de cultivateur. Je fis construire aussi une chambre de bain moderne, avec baignoire, douche, lavabo, etc. « Une bonne douche par jour, propreté et gaieté toujours ! » chantait avec exubérance un géologue de passage).

Cette baignoire, la première sans doute à Chibougamau, se baigna elle-même avant que je m’y baignasse, car au moment où nous la déchargions dans la baie Hello, elle glissa de l’embarcation pour plonger à pic dans vingt pieds d’eau. Il fallut six hommes pour la sortir du fond avec des grappins et la hâler jusqu’à terre.

Le jour qu’on mit en place la dernière bille de ma maison, une ondée baptismale tomba, suivie d’un splendide arc-en-ciel. Ce fut une occasion pour trinquer et baptiser l’endroit « Rainbow Lodge » (Pavillon de l’arc-en-ciel).

La baie Bateman, appelée ainsi en souvenir de l’un des plus grands géologues du monde, constitue un port idéal pour les hydravions. Elle est longue d’un mille, et d’une largeur suffisante pour la mettre à l’abri des sautes de vent.

Nous plantâmes des piliers dans l’eau et plaçâmes un quai spacieux. Les appareils pouvaient se poser sans crainte, sur les flots de la baie Bateman, pour venir accoster au débarcadère ; l’on descendait, pour ensuite gravir