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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

pénètrent jusqu’à 115 pieds, mais les échantillons sont très peu minéralisés. Dame Nature a gagné la première manche, en se dérobant. Elle gagne aussi la deuxième, car le trou suivant, directement au pied des rapides, ne produisit guère mieux. La troisième manche fut nulle, car nous frappons une bonne minéralisation à 140 pieds, également tout près des rapides.

Que le lecteur se souvienne que des milliers de trous semblables ont été creusés, au coût de centaines de millions de dollars, en Amérique depuis cinquante ans, et que ceux qui ont rapporté la fortune peuvent se dénombrer en moins de dix minutes. Il y a quelques années, une entreprise pétrolifère de l’Ouest dépensa plus d’un million de dollars à forer un seul trou, et l’abandonna après n’avoir remonté que de l’eau salée. On ne doit pas oublier que cet unique trou fut foré sur l’avis de quelques-uns des meilleurs géologues du pays.

Durant les quarante dernières années, il s’est dépensé également des millions de dollars au Chibougamau, rien qu’à perforer ici et là sa surface. Pourtant, il n’y a pas encore une seule mine en production. La structure géologique de la région indique qu’elle possède de vastes gisements minéraux… mais où ? Surtout en quantités profitables ? « Une mine c’est un accident de la nature », m’avait déjà dit Bill Wiltsey, le représentant de Noranda au Chibougamau, et je suis décidé de tenter la découverte de cet « accident ».

Proportionnellement je joue gros jeu, car je n’ai l’appui d’aucune compagnie, et je paye de mon argent tout le travail. J’en possède assez pour exécuter mon plan actuel, mais pas pour entreprendre l’exploitation sur une grande échelle. Et l’idée de former une association frauduleuse ne m’inspire pas. (Rien de mieux pour suivre le sentier de la vertu que des revenus substantiels !)