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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

rapides allant s’affaiblissant, à mesure que les bras de Morphée nous bercent.

Le lendemain matin, nous retournons sur la rive sud-est, lançons une chaloupe de sauvetage et revenons jusqu’à la « chute à Wilson », ainsi qu’un pilote aérien de Chibougamau a baptisé les chutes, lorsqu’il porta un toast à notre succès futur. Dans la chaloupe de sauvetage nous transportons la foreuse à diamant.

La foreuse est la pièce la plus importante de mon équipement, et je veux la faire fonctionner au plus vite. Car j’ai contracté comme tous ceux de Chibougamau, la fièvre de l’or.

J’en suis au stade de la spéculation, relativement aux mines : je possède des concessions : le second stade sera celui du développement : ensuite viendra la production. (J’en ajoute un quatrième, nommé le stade « Harry Oakes », lorsque les titres de noblesse, les domestiques et les châteaux affluent et que Sir Prospecteur se réveille un soir, tout comme le magnat canadien du nickel, en train de brûler vif dans un lit en flammes).

La question qui m’embête n’est pas « forer ou ne pas forer » mais forer ? —

Ai-je des concessions valant d’être exploitées, ou suis-je propriétaire d’une réserve de chasse ? (Des familles de perdrix se promènent fièrement autour de notre campement et l’ours et l’orignal sont abondants dans le district).

On me donne beaucoup de conseils à Montréal. Un ingénieur minier me suggère (il se trouve momentanément sans emploi) un rapport complet d’ingénieur minier ; un géologue préconise un relevé géophysique ; un autre, une carte détaillée de l’endroit ; un courtier marron me conseille de vendre mes claims et ajoute : « Le Chibougamau n’a aucune valeur. Mais moi, je connais une magnifique mine de zinc avec laquelle vous pouvez doubler votre