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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

que de six pouces, sans chargement. Chargées jusqu’à plat bord d’une cargaison pesant plusieurs tonnes, leur quille protège encore l’hélice du moteur hors-bord qui les actionne. On n’utilise que ces moteurs hors-bord au Chibougamau, car s’ils frappent un caillou ou tout autre objet submergé, leur arbre de couche se relève, ne subissant à peu près aucun dommage ; tandis qu’une embarcation mue par un moteur intérieur se trouverait en mauvaise posture, avec un arbre de couche tordu… et le plus proche atelier de réparations situé à deux cents milles plus loin !

Tôt en mai, j’étais à Saint-Félicien, complètement pourvu pour un séjour d’un été dans la brousse. Deux camions de dimensions énormes avaient transporté mes deux chaloupes sur une distance de 150 milles, jusqu’au camp O’Connell, à la partie sud-est du lac Chimougamau. D’autre équipement vint ensuite : deux canots, deux chaloupes, une coque de cèdre de 14 pieds, légère et rapide, nommée « Hopi », destinées à remorquer les deux chaloupes de sauvetage ; trois moteurs hors-bords Johnson, des tentes, des fanaux, une batterie de cuisine, une coutellerie, des sacs de couchage, la foreuse à diamants, deux cents pieds de mèches à forer, deux caisses remplies de pièces de rechange pour la machinerie ; de la dynamite et des outils ; des tonneaux d’huile, d’essence, de naphte, de kérosène et de graisse, ainsi que plusieurs centaines de pieds de madriers, pour le plancher des tentes. (Une tente c’est le foyer de l’homme des bois ; quand elle est munie d’un plancher, il a l’impression d’habiter un palais). Le dernier camion apporta une tonne de vivres : légumes, viande, conserves, etc.

Je me rendis au Chibougamau dans ma propre voiture ne transportant avec moi qu’une seule pièce de lest : une caisse de bouteilles de vin, histoire de baptiser en bonne et due forme les chaloupes et la foreuse.