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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

je publiai un journal « The Chibougamau Miner ». Le personnel du ministère des Mines, prospecteurs, mineurs, ingénieurs miniers, trappeurs, chasseurs : tout ce monde collaborait, me fournissait des articles spéciaux, des données historiques, des photos, des idées nouvelles. Je n’avais qu’à tout coordonner, rédiger un peu et remettre le tout à l’imprimeur.

Grâce à cette assistance bénévole, ça n’était pas une trop vilaine feuille que ce journal « de frontière », et la confrérie minière qui s’intéressait à cette région l’accueillit favorablement. Les souscriptions affluèrent par centaines, ainsi que les lettres de félicitations. Certains enthousiastes télégraphièrent même des hourras ! Un seul lecteur m’écrivit des injures. Il s’agissait d’un promoteur torontois de mines, qui se sentait insulté parce que j’avais fait une allusion innocente à quelques louches aigrefins qui lui servaient de lieutenants. Un an après, ce promoteur se voyait traduit devant les tribunaux pour fraude et enfermé en prison (endroit où à mon avis, l’on aurait dû le placer dès sa naissance).

Deux numéros du « Chibougamau Miner » parurent, puis la publication cessa et l’on remboursa les souscriptions. La vérité, c’est que Chibougamau hivernait, tout comme ses ours, sous une épaisse couverture de neige, et comme je ne publiais pas une feuille dite « de promotion », je n’avais presque plus rien à écrire. On peut dire que le « Chibougamau Miner » était un enfant qui promettait, mais qui naquit trop prématurément…

En mars, je me rends à Noranda pour acheter une foreuse au diamant, de messieurs Boyle’s Bros., experts en outillage minier. Noranda est une des plus importantes villes minières du monde et c’est aussi l’une des plus tristes. Une fumée nauséabonde et sombre, que vomissent les cheminées de la fonderie, empuantit la ville ; la végétation