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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

« Les règlements de chemin de fer, à cette époque, stipulaient que le transport des matières explosives ne serait pas accepté, à moins qu’elles soient accompagnées de leur propriétaire, lequel serait obligé de rester assis sur sa marchandise, dans le fourgon à bagages, durant tout le voyage. Notre trappeur eut simplement l’idée d’empiler ses peaux de castor dans une grosse caisse, de libeller son colis « dynamite » et de s’asseoir dessus. Aucun inspecteur de la province vérifia le contenu de la caisse, qui arriva à Montréal avec le coureur des bois, sans encombres. »

Herbert McKenzie, prospecteur, trappeur et pionnier du Chibougamau fit une pause, bourra sa pipe et s’enquit : « Et vous, qu’est-ce qui vous attire au Chibougamau ? »

— « Une source d’eau minérale », répliquai-je.

— Une source d’eau minérale !

— Oui, et nantie de fortes vertus curatives : mais je n’ai pu la localiser. Elle est censée se trouver à l’extrémité de la péninsule Gouin, où je possède des concessions. Dans le rapport d’Obalski, daté de 1907, un personnage qui tient du mythe, un nommé Pauli… »

— Pauli ! s’écria Herb : je l’ai bien connu ; de fait, j’étais présent lorsque la source fut découverte. Vous avez dû faire erreur en lisant le rapport, car elle n’est pas située sur la péninsule Gouin, mais au nord-est de cette dernière, à la baie Proulx, à environ un mille de vos concessions. Un ingénieur nommé Lepage, qui vérifiait la ligne divisant les cantons Roy et McKenzie, découvrit cette source et nous la montra, à Pauli et à moi-même.

« Ce Pauli, qui était marchand de scieries à New York, était en excursion de pêche dans la région du lac Saint-Jean, lorsqu’il entendit parler de nos découvertes minières au Chimougamau. Quoiqu’il n’ait jamais erré dans la brousse, ni couché sur quelque chose de plus dur qu’un