Page:Wilson - L'appel du Chibougamau, 1956.djvu/61

Cette page a été validée par deux contributeurs.
59
L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

ou capturer au piège un jeune ours bien dodu, grand amateur de ces myrtilles. Nous appendions la viande d’ours à une branche l’espace de quatre ou cinq jours, puis nous nous régalions de merveilleux biftecks.

« Dans les lacs Chibougamau et aux Dorés, nous pêchions quantités de brochets, truites, poissons blancs et dorés ; dans les ruisseaux avoisinants frétillaient des bandes de truites mouchetées. Comme vous le voyez, notre ordinaire était varié !

« Mon frère et moi avons imaginé de faire de la prospection sous-marine sur le flanc sud de l’île du Portage. Introduisant deux tubes dans une demi sphère de caoutchouc, nous nous appliquions cet appareil sur le nez et la bouche. Nous attachions une corde à un gros caillou ; grâce à ce lest, nous pouvions demeurer dans une dizaine de pieds d’eau, tout en respirant par les tubes. Ces moyens primitifs nous permettaient quand même de demeurer plusieurs minutes sous la surface et de ramener de précieux échantillons de roc à l’air libre. De plus, cela nous permettait d’exercer un sport agréable… et propre !

« Nous trouvions que les Indiens avaient des idées bizarres ; mais d’après la façon dont ils nous observaient, cette opinion paraissait bien réciproque ! l’une de leurs superstitions voulait que quiconque escaladât le mont Jongleur — sur la route du portage entre la baie McKenzie et le lac Mistassini — devînt fou. Nous avons grimpé jusqu’à son faîte ; c’est une montagne ayant la forme d’un chapeau haut de forme. Pour monter, nous utilisâmes ses profondes crevasses. Au retour les Indiens nous observent longtemps en silence, avec l’air de se dire que, de tout façon, nous étions déjà trop fous avant le départ pour le devenir après notre ascension.

« Le long de ce même portage, à proximité de la baie McKenzie, nous découvrîmes une source dont l’eau, claire