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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

« En 1903, mon père risqua le coup et pénétra jusqu’au Chibougamau avec des guides indiens. Il m’a raconté que la randonnée fut très pénible, car les Indiens manquèrent leurs points de repère et errèrent durant des semaines dans une multitude de petits cours d’eau, avant de trouver le lac Chibougamau. Mon père établit un campement à l’Île du Portage et fit bientôt une importante découverte d’or à la pointe au Cuivre. Enthousiasmé, il prospecta tout l’été et revint à Québec avec des échantillons à haute teneur d’or, de cuivre et d’amiante.

« Lorsque l’inspecteur des Mines du Québec, Joseph Obalski, examina ces fragments, il s’emballa à son tour et, m’engageant comme assistant, remonta avec nous jusqu’au Chibougamau. Le voyage par canot, à partir de Saint-Félicien, prit près d’un mois. Il fallut franchir plus de cinquante portages éreintants et j’en souffris beaucoup, n’étant qu’à mes débuts dans la brousse.

« Nous dressâmes notre campement à l’île du Portage. Tout l’été passa en de diligentes et méthodiques prospections. Mes fonctions consistaient à suivre Obalski. Un jour alors qu’il tailladait un gros bloc de quartz aux environs de la pointe au Cuivre, il s’exclama soudainement : « Regarde, Herb, de l’or visible. En effet, le gros bloc erratique, tout blanc, était marqué des précieuses stries jaunâtres. Pour la première fois de ma vie je voyais de l’or libre imprégnant du quartz.

« Pour un spécialiste des recherches minières — surtout quand il est jeune — une découverte de ce genre est aussi enivrante qu’une guérison du cancer, pour un spécialiste des recherches médicales. Durant des semaines, je rêvai tout éveillé de châteaux, de domestiques, de chauffeurs en livrée, de yachts… mais ça ne se réalise pas comme ça ; sauf de rares exceptions, la richesse n’est pas le lot du prospecteur — elle sourit au financier et au promoteur,