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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

siècle auparavant, étaient passées en d’autres mains. Herb avait de nouveau jalonné à la baie Magnetite (à quatre milles environ de ma propriété), et en octobre 1950, il s’y était rendu par canot et en avait rapporté des centaines de livres d’échantillons prometteurs. Son enthousiasme pour le Chibougamau n’a jamais faibli ; il s’est plutôt intensifié avec les années.

Herbert McKenzie est un célibataire rubicond, vigoureux et de haute stature. Sa mémoire est formidable. Il étudia à l’Université McGill, dans sa jeunesse, la minéralogie, la préparation mécanique du minerai et le broyage. Il fut un assistant d’Obalski, Hardman et Low, les trois géologues qui avaient visité le Chibougamau au début du siècle.

Voici en substance, ce qu’Herbert McKenzie m’a dit : — À la fin du siècle dernier, mon père avait un poste de traite à 80 milles au nord-ouest de Saint-Félicien, lequel n’était à cette époque qu’un hameau habité par quelques colons canadiens-français. Le chemin de fer, commençant à Québec, aboutissait à Roberval, distant de vingt milles du poste, et le reste du voyage s’accomplissait par canot remontant la rivière Ashuapmouchouan, ou en voiture à traction animale, sur une route poussiéreuse ou boueuse, selon la saison, jusqu’à Saint-Félicien.

… Au cours d’un de ses voyages à Québec pour y vendre ses fourrures, se remémore Herbert, mon père tombe sur le rapport géologique de Richardson sur le Chibougamau, publié en 1871, mais écrit trente ans auparavant. Richardson fut le premier géologue à visiter cette région, et son ouvrage indique clairement que de l’amiante, de la pyrite de cuivre et du fer magnétite s’y trouvent, mais personne ne profita de ses découvertes, probablement parce qu’à cette époque, l’industrie minière au Canada était encore à l’état embryonnaire.