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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

« Voilà comment il faut être ! dit Jacques, en riant, il y a plus d’or dans le silence que dans n’importe quelle mine ! »

Pour passer le temps j’erre d’un baraquement à l’autre, à la recherche de quelqu’un à qui parler. Dans une cabane non loin du magasin de traite de Litalien, je rencontre Gabriel Fleury, un pionnier âgé de 70 ans. Il est Français, étant né à Lyon, ville de la soie. Son langage est resté teinté d’un fort accent européen.

Fleury est débarqué au Canada alors qu’il était tout jeune. Il a exercé divers métiers à Montréal avant de s’aventurer, en 1906, dans la région de Chibougamau. C’était peu de temps après les premières découvertes de minéraux. Durant quelques années, il prospère comme trafiquant de fourrures. Il a son quartier-général au village de Chambord, sur le lac Saint-Jean. Chaque novembre il parcourt 200 milles avec un attelage de chiens, jusqu’au lac Mistassini, pour n’en revenir qu’en mars avec un chargement de pelleteries qu’il a achetées des Indiens.

Fleury connût des années d’abondance et des années de misère. Un certain printemps, il revint des « pays d’en haut » avec une charge de peaux de vison, de renard et autres fourrures évaluées à trente mille dollars, pour apprendre en arrivant que le marché des pelleteries avait dégringolé. Cette année-là, il perdit vingt mille dollars.

Comme la plupart des trappeurs et des traitants qui errent dans les forêts du nord, Fleury eut des aventures avec les bêtes sauvages. Une fois, il se trouve face-à-face avec un ours qui préparait sa « tanière de neige » pour hiberner.

Son fusil étant appuyé sur un arbre à cent pieds de là, Fleury applique un solide coup de hache sur le muffle de messire Martin, lequel, n’ayant pas apprécié le procédé, riposte par un revers de patte qui non seulement fait