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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

— Si ces concessions n’ont pas encore été accordées, dis-je, j’aimerais à les jalonner. C’est un merveilleux endroit pour construire un camp d’été.

— Poser les piquets ne vous donnerait pas ce qu’on appelle « les droits de surface » m’expliqua « Bill » ; mais cela vous permettrait d’ériger des constructions pour vous et vos employés, si vous travaillez vos « claims » ; et vous pourrez y demeurer aussi longtemps que vous aurez rempli les conditions requises, c’est-à-dire exécuter annuellement la production statutaire sur votre propriété et payer vos taxes. C’est que, voyez-vous, le gouvernement ne s’intéresse pas ici au tourisme d’été ; il veut que les mines se développent.

Nous sommes assis en ce moment sur un bon sol à minéraux, continua l’agent. Qui sait ce qui gît sous nos pieds ? d’après les géologues, nous sommes à proximité de la faille principale dans la stratification, et peut-être sur l’emplacement de la plus grande mine du monde. Peut-être, ai-je dit… Je souligne peut-être. Personne ne le sait. Mais stratification ou non, pêchons quelques poissons pour souper. »

Avec sa motogodille tournant le plus lentement possible, notre canot sillonnait l’eau agitée, au pied des rapides. Brusquement, un coup brutal : un gros brochet s’était ferré. Il ne fallut pas trop de temps pour le déposer, fouettant de la queue et bâillant des ouïes, au fond du canot. Puis un autre, un autre, puis un autre ! Et plus que jamais je désirai posséder ce domaine, source minérale ou non, richesse minière ou non.

De retour à baie des Cèdres, je m’empresse d’expédier un message au ministère des Mines, m’informant du statut légal de la concession que je venais de visiter. La réponse me parvient dès le lendemain matin : « Les claims seraient ouverts dans dix jours. » Dame fortune souriait.