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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

vaste, farouche en même temps qu’accueillante. Je décidai dès ce moment de l’explorer, pas immédiatement, car l’hiver approchait, mais l’an prochain, me disai-je, l’an prochain !…

— Jetez donc un petit coup d’œil aux alentours, histoire de trouver vos eaux minérales, dit « Bill » ; je reviendrai tantôt. » Et il disparut dans les broussailles.

Je marchai, rampai et plongeai dans la forêt enchevêtrée, à la recherche de « ma source », mais je me sentis bientôt épuisé et revins sur la berge des rapides. Au cours de mes voyages, nombreux et lointains, j’avais contemplé beaucoup de beaux paysages, mais rarement d’aussi magnifiques que celui-ci.

Je me rappelai la phrase d’un poète chinois : « Seulement aux errants se renouvelle sans cesse le brusque choc de la beauté… »

Les eaux du lac Chibougamau se chevauchaient, écumantes. échevelées, encaissées dans un passage recourbé qui les menait jusqu’au lac aux Dorés, l’embrun dansait, multicolore, au dessous des écueils formant obstacle à la ruée du courant.

Une petite baie tranquille, en marge du torrent, invitait à la pêche à la truite…

J’étais assis sur une racine recouverte de mousse lorsque « Bill » réapparut.

— Avez-vous trouvé quelque chose ? me demanda-t-il.

— Non.

— Ça ne se trouve pas comme cela, observa-t-il.

— À qui appartiennent ces concessions ?

— Sais pas, répondit « Bill », mais nous pouvons le savoir en un rien de temps. Télégraphiez au ministère des Mines, à Québec.