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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

— C’est un petit détail, m’avise-t-il, l’important c’est que le chèque ne me revienne pas avec la mention N. S. F. (faute de fonds suffisants) !

Au jour suivant le temps s’annonçant beau et clair, « Bill » qui avait affaire à l’extrémité de la péninsule Gouin, soit environ quatre milles de parcours, me dit que si je voulais l’accompagner, il me désignerait l’endroit que je cherchais. Il ajoute : « C’est à vous de faire la découverte ; et si vous trouvez-là de l’eau minérale, je vous décerne une médaille. » « Bill » accrocha donc le moteur à sa poupe de chaloupe et nous glissons sur les eaux bleues du lac aux Dorés, serrant de près la berge accidentée, sise au nord, afin de nous éloigner des récifs qui parsèment le milieu du lac.

Bientôt la baie « Bateman » s’ouvre à droite et nous y pénétrons passant entre deux îlots et longeant la rive sud de la péninsule Gouin. Puis voici, droit devant dans le lointain, les eaux du lac Chibougamau se bousculant pour pénétrer dans le lac aux Dorés.

L’embarcation glisse comme une flèche dans le courant turbulent au pied des rapides et vire dans une baie tranquille. Après avoir amarré à un arbre surplombant le bord et avoir pataugé jusqu’à terre, nous suivîmes à pied la ligne des rapides. Je trouvai, citadin ramolli que j’étais, la randonnée plutôt pénible, et je me frayais prudemment un chemin en enjambant des troncs sur le sol, contournant les couches, évitant les trous traîtreusement recouverts de mousse. « Bill » athlète énergique, marchait tout droit comme un soldat à la parade, sans se soucier des obstacles. Je me sentais passablement ridicule dans son sillage. Mais, en cet endroit, le lac aux Dorés n’est séparé de celui de Chibougamau que par quelques centaines de pieds. J’aperçus bientôt la petite mer intérieure dont j’avais tellement entendu parler. Elle s’étendait devant moi,