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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

d’une grande valeur. Et voilà que, derechef, il était reparti à la chasse au trésor. Je le rencontrai par la suite très souvent au Chibougamau, à Saint-Félicien ou Montréal. Signe caractéristique : quantité d’échantillons de minéraux gonflaient toujours ses poches.

Un jour, l’an dernier, « Bill » de Villiers, par le plus grand des hasards, n’était lesté d’aucun échantillon, et c’est ce qui lui sauva la vie. Il se tenait debout sur la berge du lac Bourbeau, surveillant les foreurs de « Belle Chibougamau Mines Co. » fouiller des terrains de recouvrement au flanc de la montagne, au moyen de jets hydrauliques. Soudain, le sol glisse précipitant « Bill » à l’eau. Il s’enfonce de vingt pieds, réapparaît à la surface, le crâne chauve et luisant parmi des tonnes de débris flottants. Son corps tout meurtri est couvert d’ecchymoses ; cependant au surlendemain, on peut le rencontrer dans les mêmes parages, remplissant toujours ses poches d’échantillons.

« Bill » me confia qu’il s’attendait à découvrir encore plusieurs mines importantes avant de mourir : « Après tout, me confie-t-il, on m’a dit que j’avais la vie de sept chats… et la première n’est pas finie… »

On comptait une douzaine de cabanes à la baie des Cèdres et dans l’une habitait Ed. Litalien, un ci-devant Montréalais établi depuis une quinzaine d’années dans la région. « Ed » comme tous l’appelaient familièrement tenait un « magasin général », vendant vivres, vêtements et cent autres articles aux prospecteurs et aux trappeurs. Il se livrait aussi à la traite des fourrures avec les Indiens. Quelques semaines après mon arrivée, j’ai habité avec lui dans sa cabane. Au moment de lui donner mon chèque pour les repas que j’y avais pris, je lui demande si je dois écrire son nom : « L’Italien » ou « Litalien ».