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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

ment tout seul, lorsque je murmure… « Oui, cette source d’eau minérale… »

« Bill » se tourne de mon côté et dit brusquement : « Je verrai à votre affaire quand j’en aurai fini avec ces messieurs. Veuillez ne pas m’interrompre. »

Je me sentis mal à l’aise jusqu’à ce que les prospecteurs fussent partis et que « Bill » eut fermé la porte.

— Je tiens à vous prévenir, dit-il ; ne parlez jamais de vos affaires devant qui que ce soit. Si vous avez quelque chose à me dire à titre d’agent officiel des mines, cela doit être dit privément et d’une manière confidentielle ; autrement, vous le regretterez. Vous êtes nouveau dans ce genre d’entreprises, mais vous apprendrez tôt la prudence et à vous taire en présence d’étrangers. Si quelqu’un savait que vous êtes ici pour borner une concession qui en vaut la peine, il s’en emparerait avant que vous en ayez la chance. »

Je le remerciai et me dis (tout bas, cette fois) que j’avais agi comme un nigaud.

C’est cet après-midi-là, que je rencontrai un prospecteur ontarien très connu, Austin Dumond. C’était un « vieux de la vieille », expérimenté, ayant mené une existence pittoresque. Il me déclara qu’il croyait dur comme fer en l’avenir formidable du Chibougamau. Nous discutions la valeur de la science technique en matière de mines, lorsqu’il se rapprocha les deux mains jusqu’à une distance de six pouces l’une de l’autre : « La science technique rétrécit les possibilités de succès », dit-il. Geste assez convaincant…

Plus tard, je fis connaissance avec « Bill » de Villiers, prospecteur âgé de soixante-dix ans, aussi vert qu’un jeune sapin. Il avait prospecté durant quarante années dans les terres nordiques réalisant de belles sommes en jalonnant des concessions et en vendant des blocs de « claims »