ter de merveilleuses tartes, cuire du bon pain et préparer des plats de gibier de la plus exquise façon.
« Bill » offrirait un modèle idéal à un artiste qui voudrait peindre un portrait-type du prospecteur canadien. De taille un peu courte, râblé, large d’épaules et, proportion gardée, aussi musculeux qu’un orignal. (Pour gagner un pari, il a déjà transporté seul, sur une distance de plus de cent pieds, une coque de fer pesant 450 livres. Quatre hommes forts soulevèrent le lourd bateau et le placèrent sur les épaules de « Bill » qui marcha ainsi jusqu’au but, sans aide. « J’aurais pu parcourir un autre cent pieds, dit-il négligemment, mais j’avais la grippe ce jour-là et ne me sentais pas trop bien. » Dame nature a donné à notre agent minier une physionomie fraîche et ouverte, mais l’on sent que sous une mine avenante il peut être ferme. Il porte ses cheveux grisonnants « en brosse » : « J’ai les cheveux comme du fil de fer, m’a-t-il déclaré, et je ne parviens pas à les aplatir. C’est parce que j’ai bu beaucoup de lait dans mon jeune âge. »
Il est né sur une ferme du côté de Valleyfield, Québec. Dans son adolescence, il a travaillé comme moissonneur dans les prairies de l’Ouest. Plus tard, il gagne le Nord, pioche sous terre dans les mines, se fait prospecteur et trappeur, tout en accumulant un vaste trésor de connaissances pratiques sur l’art de vivre dans la grande forêt. À titre de représentant officiel du ministère des Mines du Québec, « Bill » Lafontaine émet des certificats de piquetage, enregistre les concessions, accorde des formules de transfert et remplit mille et une formalités relatives aux activités minières. Comme aucune succursale du ministère n’existe alors au Chimougamau, les prospecteurs auraient été forcés de parcourir 400 milles par la route pour faire enregistrer leurs concessions, sans la présence efficace et loyale de « Bill ».