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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

pas avec le lac Chibougamau. Les eaux de la rivière Chibougamau s’écoulent tumultueusement vers l’ouest, se déchargent dans la rivière Nottaway et finissent par former des icebergs l’hiver, dans la baie d’Hudson).

Un canot surgit avec moteur hors-bord, pétaradant, double une pointe et zigzague à toute vitesse à travers un labyrinthe de battures submergées. Ce navigateur-là connaissait sûrement son affaire ; car il frôlait les rocs sous-marins, sans en toucher aucun. Je retiens mon souffle jusqu’à ce que la proue de l’embarcation ait touché le rivage.

L’étonnant timonier se nomme Jacques Drouin, radiotélégraphiste à la station météorologique de la baie des Cèdres, à douze milles de l’endroit habité par « Bill » Lafontaine. Je demande :

— Comment est le chenal jusqu’à la baie aux Cèdres ?

— Des tas de roches et de battures, répondit-il ; mais ce sont de vieilles connaissances. Nous passerons « okay ». « Bill » Lafontaine vous attend. » Durant les deux heures suivantes, je reste assis à l’avant, regardant la côte brumeuse où les flots et les montagnes se fondent dans la pénombre. Jacques connaissant le chenal par cœur, fait virer et pirouetter à toute vitesse la frêle embarcation, au milieu de ces flots sournois.

Une lumière clignote subitement à gauche, vers l’avant. Jacques s’écrie : « La baie des Cèdres ! Nous sommes chez nous ! »

D’autres lueurs apparaissent sur la côte. Je saute bientôt à terre, serrant la main du représentant au Chibougamau du Ministère des mines du Québec, et l’un des meilleurs spécialistes de la question dans tout l’est du Canada. Je pénètre avec « Bill » dans son campe, une vieille cabane de bois rond, rude à l’intérieur, plus primitive encore à l’extérieur.