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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

propos desquels on se dispute, mais je vous recevrai avec plaisir la semaine prochaine. Fixez le jour et l’heure, et un canot vous prendra à la rivière Chibougamau. Tandis que vous y êtes, munissez-vous des récentes cartes de concessions. Celle que vous avez est plus vieille que le plus vieux whisky qu’on ait jamais distillé. »

Nous fixâmes une date. Il me salue de la main, monte à bord de l’oiseau mécanique et disparaît dans le ciel.

J’écris à Québec pour obtenir des cartes récentes — la poste arrive chaque jour de Saint-Félicien grâce aux camions d’O’Connell. Entre temps je coule plusieurs jours heureux à chasser la perdrix — merveilleusement abondante — et à augmenter mon bagage de connaissances sur la région, en écoutant parler les prospecteurs, les chasseurs, dynamiteurs et ingénieurs routiers.

Deux chemins par eau mènent vers la péninsule Gouin, distante de quinze milles (où ma source d’eau minérale doit gazouiller gaiement en attendant son nouveau maître). L’un passe par le lac Chibougamau, l’autre par le lac Aux Dorés. Aucune communication navigable n’existe entre les deux lacs. Je choisis donc l’un des deux. Je ne peux découvrir personne s’étant jamais risqué jusqu’au bout du lac Chibougamau. Quelques employés d’O’Connell avaient pagayé ou ramé sur une longueur d’un mille ou deux le long de la rive sud-est, mais aucun, parmi ceux que je rencontre, n’avait exploré cette méditerranée en miniature qui s’ouvre sur le pas de leur porte.

Un ingénieur des routes, depuis longtemps dans la région, me dit : « Le lac Chibougamau couvre une surface de 120 milles carrés, qui sont farcis d’îles, de rochers, de hauts-fonds. Il n’est navigable qu’en canot. Les grains y sont fréquents et d’une grande violence, et creusent des lames aussi grosses que celles de la mer. Seuls, les Indiens et les gardes-feu utilisent le lac Chibougamau, mais pour