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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

Au « Mille 118 », j’éprouve l’impression de rouler en descendant. Chose possible car j’avais atteint la ligne de partage des eaux — Une arête qui coupe la province de Québec de l’est à l’ouest ; toutes les rivières au nord de la ligne de partage se jettent dans l’Arctique ; toutes celles au sud sont, directement ou non, tributaires du fleuve Saint-Laurent.

On m’avait parlé d’un ruisseau dont l’eau était particulièrement rafraîchissante au « Mille 125 », je m’y arrête, et puis, religieusement, si j’ose dire, je recueille trois doigts d’une eau douce et fraîche à la limpidité de cristal, et lève ma timbale en portant un toast au succès de ma future entreprise. — Toast solitaire s’il en fût. —

Au « Mille 132 », on tombe devant la porte ouverte d’une barrière, à droite, un atelier de soudage, un grand hangar où l’on répare les machines, un entrepôt ; puis, au haut d’une petite côte, voici le bureau de chantier de la compagnie H. J. O’Connell, dont la fonction est de construire des routes.

Un type de haute taille me demande courtoisement le but de ma visite,

M. Herbert O’Connell, l’entrepreneur en construction routière, est-il ici ? » dis-je

— Non, mais vous pouvez voir son frère George », répond le gérant du bureau, m’indiquant une maison sur une des rives sud du lac Chibougamau.

J’avais connu les deux frères dans ma jeunesse, car nos familles avaient habité le village de Coteau-du-Lac, un endroit d’une grande beauté sur les rives du fleuve Saint-Laurent, à une quarantaine de milles de Montréal. Je savais que je serais bien reçu et je le fus.

George O’Connell me présente à plusieurs membres de son personnel, me verse un coquetel moelleux et qui