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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

L’endroit de Chicoutimi qui m’intéresse le plus, est la Société historique du Saguenay, logée dans le sous-sol du séminaire catholique. C’est là que j’ajoutai à mes vagues connaissances du « Royaume du Saguenay » (ainsi que les Indiens nommaient la région dans les siècles passés) : son directeur, le père Tremblay, m’ouvrit généreusement ses archives et je me plongeai, durant plusieurs jours, dans les temps révolus en lisant de vieux volumes, en examinant les reliques du passé qu’il avait accumulées et classifiées et en étudiant les photostats des anciennes cartes géographiques dessinées par les « voyageurs » qui, les premiers, ont parcouru la Nouvelle-France.

C’étaient des hommes remarquables, doués d’une imagination puissante, ces cartographes du XVIIe siècle qui, ne possédant que des informations orales des Indiens et des rudes coureurs des bois, parvenaient à dresser des cartes cohérentes de ce qui est maintenant l’intérieur de la province de Québec.

Sur la carte de Champlain, publiée en 1632, les trois grandes masses d’eau : les lacs Chibougamau, Aux Dorés et Mistassini[1] sont à leur latitude quasi exacte. Fait remarquable, si l’on songe qu’à cette époque, très peu d’hommes blancs les avaient contemplées.

Mais déjà les grands vents de septembre m’avertissent que mon temps se trouve bien limité s’il faut repérer ma source d’eau minérale avant les premières chutes de neige. Je lance donc mon auto le long de la rive sud du lac Saint-Jean jusqu’à Saint-Félicien, village situé sur la rivière Ashuapmouchuan et dernière agglomération avant d’atteindre le « tremplin » final le Chibougamau.

  1. Le nom de ce lac est dérivé d’un grand rocher, qui se dresse, isolé, à l’une de ses extrémités, lequel, en langue indienne, se dit « Mista-assinni », ou « grande roche ».