le magnifique Parc national des Laurentides jusqu’à Chicoutimi, jeune ville vigoureuse située à la tête du Saguenay. Chicoutimi, qui enjambe plusieurs collines plutôt raides de pente et dont la banlieue s’étale ensuite sur diverses ondulations, pourrait être surnommé le « petit » San-Francisco car il ressemble en miniature par son aspect physique, à la fameuse cité californienne, qu’habitèrent jadis Jack London, Bret Harte, Mark Twain, George Sterling et autres écrivains illustres, qui brillent parmi les génies de la littérature américaine.
Peu de touristes visitent Chicoutimi,[1] relativement peu connu, car les bateaux d’excursion de Montréal et de Québec remontent le Saguenay jusqu’à Bagotville, distant de 12 milles et rares sont les passagers qui débarquent pour visiter le district du lac Saint-Jean où habitent cependant plus de deux cent mille citoyens, chiffre qui étonne toujours le visiteur.
Quelle sorte de gens sont ces habitants ? comment vivent-ils ? Un exploiteur de la forêt m’apporte là-dessus quelques lumières.
— Vous constaterez, me dit-il, que les Saguenayens et les résidents du lac Saint-Jean sont fiers, indépendants et qu’ils se suffisent à eux-mêmes. Nos pères vécurent dans cette contrée, à peu près sans communications avec l’extérieur, durant plus d’un siècle. Ceci explique notre « insularité ». La nouvelle route qui part de Québec est en train de tout changer cela, puisque les touristes vont affluer. Évidemment, ils apporteront de l’argent, mais, en même temps, de mauvaises manières et leur philosophie de kiosques à « chiens chauds ». Ce qui entraînera la disparition de cette courtoisie, ce charme que le passé nous
- ↑ Chicoutimi vient d’un mot sauvage qui signifie « Jusqu’où c’est profond ». C’est en effet, le terme des eaux navigables de la rivière Saguenay.