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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

Plusieurs rédacteurs canadiens très connus, et qui sont avantageusement appréciés dans la presse jaune, rédigeaient, pour les courtiers et les promoteurs, des bulletins incitant les naïfs à souscrire : mais ils avaient toujours la prudence d’ajouter ; à leurs déclarations : « Nous croyons que ce que nous venons de dire est exact, mais nous ne pouvons pas le garantir. »

C’est comme si l’on tendait à quelqu’un un billet de dix dollars, tout en disant : « C’est peut-être de la fausse monnaie. Acceptez-le à vos propres risques ! »

Ces hommes qui prostituent leur plume pour quelques viles pièces d’argent pourraient se justifier d’un illustre prédécesseur. L’un des plus grands hommes d’État et premiers ministres que l’Angleterre ait eus, rédigea dans sa jeunesse des brochures pour des promoteurs, lesquelles firent perdre aux épargnants des millions de livres sterling. Il se nommait Benjamin Disraëli.

J’écris tout ceci avec la quasi-certitude que j’en récolterai pour moi-même du dénigrement et de la calomnie, car, comme l’a dit Bernard Shaw : « Il n’y a qu’une chose que les gens ne peuvent tolérer : cette chose-là, c’est la vérité ! »

Alors que je mettais ces notes à jour, quelques promoteurs marrons venaient me voir à ma chambre d’hôtel et je les laissais lire mon manuscrit librement. (Un ami me demandait : « Si vous les trouvez aussi méprisables pourquoi les fréquentez-vous ? » Je répondis à ceci qu’il me serait impossible d’écrire à leur sujet sans les connaître).

L’un de ces personnages douteux essaya de me tendre un piège. Il m’annonça négligemment qu’il avait mis de côté, à mon intention, 5,000 parts d’une certaine compagnie, en signe de remerciement parce que j’avais fait connaître le Chibougamau par mes écrits. Je pouvais les acheter à moitié du prix courant et j’avais de grandes chances de réaliser quelques milliers de dollars en les