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LE VIEUX MOULIN

monsieur qui sort de l’Université. De plus, je suis persuadé que le premier exerce une espèce de magnétisme, et qu’il est aussi habile à choisir ses victimes qu’un hypnotiseur de carrière.

Sur les deux milliards d’êtres humains traînant leur existence quotidienne sur notre planète, il n’y en a que quelques centaines qui pensent d’une façon raisonnable. (Joseph Mitchell, l’écrivain américain, avait l’habitude de séjourner longtemps parmi les déments de l’hôpital Bellevue, à New-York : après quoi il allait se mêler aux foules du Broadway : « Je ne vois aucune différence », dit-il. ) Presque tous les hommes vivent dans une espèce de rêve éveillé. Lorsque certains d’entre eux se font miroiter devant les yeux des puits de pétrole, des mines d’or, des découvertes de diamants ou des gisements d’argent, ils sont éblouis. Lorsque le racketeer-psychologue trouve le défaut de la cuirasse de sa victime, la partie est jouée… pour la victime. Dans le jeu de la vente des actions minières, c’est toujours le « bonnet » qui gagne…

Tondre un mouton ordinaire, c’est facile pour un promoteur malhonnête. Ce qui l’est beaucoup moins, c’est de tondre un autre promoteur malhonnête. C’est alors qu’on assiste à un duel passionnant ! Quand je dis duel, je n’entends pas qu’ils se servent du revolver : si tel était le cas, il ne resterait plus un seul courtier marron sur le globe !

Certains promoteurs canadiens ont tellement exploité les acheteurs de valeurs américains, qu’on est tout étonné de constater que cette source n’est pas entièrement tarie. Pourtant, sans le capital américain, les grandes zones de pétrole et de minéraux au Canada ne seraient pas développées avant un siècle, car si nous n’obtenons pas de capitaux chez nos voisins du sud, où donc irons-nous en chercher… en Éthiopie, peut-être ?