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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

Cependant un groupe de journalistes américains ne se gênèrent point pour dévoiler le scandale… et ils le firent avec enthousiasme.

Ralph Hendershot, rédacteur financier du «  New York World Telegram », écrivit dans le numéro du 5 février 1952 de ce journal : « Il devient évident que le Canada présente des possibilités de développement fabuleuses dans le domaine de l’industrie. Il est également clair que le gros des capitaux nécessaires pour faire progresser ces industries et harnacher ces ressources naturelles viendra des Américains. Malheureusement, notre voisin du nord est parti du mauvais pied. De nombreux vendeurs de titres ont adopté des méthodes de chevaliers d’industrie lorsqu’ils sollicitent les gens. Ils n’hésitent pas à appeler au téléphone, sur longue distance, des citoyens dont ils ont les noms sur leur « liste de gogos… »

Il y a, d’après mon expérience, deux sortes de courtiers marrons. Les premiers parlent doucement, d’une voix persuasive. Ils ne font aucun tapage, mais leur pression est constante sur la clientèle : les seconds emploient la méthode violente : cris au téléphone, coups de poing sur la table, épithètes lancées à la tête du client « trop bête » pour sauter sur les occasions merveilleuses qu’ils daignent leur offrir… le plus curieux, c’est que la majorité de la race des gogos semble préférer se faire rouler par les gueulards que par les voleurs délicats.

Il y a évidemment, des courtiers honnêtes, mais la plupart d’entre eux habitent dans des chambres garnies ou des mansardes. Ceux qui reçoivent leur pension de vieillesse sont parmi les chanceux.

Après vingt années de contact avec eux, j’en suis venu à la conclusion que le vendeur marron de valeurs financières, qui n’a pas une instruction de premier ordre, est un psychologue beaucoup plus averti que son compère, le