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LE VIEUX MOULIN

née », « Propriété vendue ». « Propriété saisie », « N’existe plus », « Dissoute », « Aucun actif », « A changé de nom », « Attend des fonds », « Perdue pour défaut de paiement des taxes », « Inopérante », « Liquidation volontaire », « Aucune réponse à notre demande d’informations », « Aucun rapport depuis des années ».

Des milliers de compagnies minières au Canada sont comateuses ou moribondes ! Des milliers ! Que le lecteur y songe ! La plupart des entreprises de ce genre sont incorporées à des millions d’actions ; ce qui totalise, en prenant pour base 5,000 compagnies dormantes ou défuntes, quelque chose comme quinze milliards d’actions — il y en aurait assez pour tapisser toutes les maisons d’Égypte ! Si nous assumons que 10 p. c. de ces actions (c’est une estimation bien au-dessous de la vérité) furent vendues, cela veut dire que le nombre des certificats reposant en ce moment dans des greniers poussiéreux et de vieilles valises s’élèverait à un milliard et demi d’actions.

C’est un véritable Himalaya de documents joliment gravés et, l’ensemble, sans aucune valeur. Si nous supposons de surcroît, que les dupes ont payé une moyenne de 50 cents pour chaque action (encore une évaluation en deçà de la vérité), le montant de l’argent que les courtiers et les promoteurs ont arraché à leurs dupes serait d’environ 700 millions de dollars. C’est plus qu’il n’en faudrait pour lancer en pleine production 140 bonnes mines canadiennes. Qu’on produise 140 « Noranda » et la richesse nationale du Canada se multiplierait par mille et le dollar canadien ferait ressembler le dollar américain à un rouble russe !

Un marchand de Toronto, très réputé a fait la comparaison suivante : « Si les finances qui soutiennent la production du blé et de la viande étaient pillées comme elles le sont par les filous dans l’industrie minière, les Cana-