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LE VIEUX MOULIN

Durant les périodes de gel et de dégel, il se rendait à Montréal, Toronto ou New-York, pour rencontrer des gens « cherchant des bonnes concessions, bien situées dans un district minier prometteur ».

Lorsqu’une découverte était annoncée, il écrivait à l’un de ces messieurs (ou plus exactement l’une de ces dupes) et offrait de jalonner cinq concessions à proximité de la nouvelle découverte, au nom de sa victime, pour la modeste rétribution de 500 $. Le malheureux spéculateur faisait enquête, apprenait que l’analyse des nouveaux échantillons indiquait leur haute valeur et acceptait la proposition, à condition que les claims soient enregistrés à son nom au ministère des Mines, avant qu’il verse un seul dollar au promoteur.

Le fraudeur acceptait la proposition, jalonnait et enregistrait les concessions et le naïf, quelque temps après recevait un papier du ministère des Mines l’avisant qu’il était propriétaire de cinq claims miniers. Jusqu’ici, tout allait bien. Le nouveau « mineur » disait confidentiellement à ses amis qu’il était sur le point de « réaliser le gros lot ».

Cependant le fraudeur n’avait pas seulement glissé les as dans sa manche, mais tous les atouts. Intentionnellement, il avait piqueté de façon si fautive les concessions, que n’importe qui pouvait contester ce qui les « ouvrait » de nouveau. Les piquets étaient dans la mauvaise direction, plusieurs étiquettes manquaient et les lignes n’étaient pas correctement tracées ; bref, rien n’était fait selon les règlements de la loi qui régit les mines.

Le fraudeur s’arrangeait avec un complice qui écrivait une protestation au ministère ; l’agent du gouvernement venait sur les lieux, constatait que tout était illégal et les concessions étaient « ouvertes » encore une fois. Alors, le fraudeur les jalonnait au nom d’un autre naïf, et le jeu