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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

(Le ministère des Mines du Québec constitue l’un des organismes gouvernementaux les plus compétents au monde. D’autres départements encombrés de bureaucratie et de chinoiseries feraient bien d’étudier sa façon intelligente d’agir. Le citoyen s’intéressant aux mines, dans le Québec, en obtient un service qui n’a pas son pareil dans aucune autre province canadienne.)

La population du Chibougamau augmentait tellement, que plusieurs pétitions furent envoyées au gouvernement pour obtenir un bureau de poste. L’éternelle réponse du fonctionnaire revenait invariablement : « Nous prenons la demande en considération… » Il n’y avait pas assez de votes dans la région pour exciter le zèle des politiciens. Ils se fichaient totalement de ces hommes, supérieurs à eux, qui ouvraient, aux confins de la civilisation, un domaine minier capable d’apporter des richesses incalculables à la province de Québec. Les politiciens… (Mais à quoi bon ? Shakespeare les a jugés dès l’an 1601, dans « Hamlet » : « Un politicien… un qui irait jusqu’à circonvenir Dieu. »)

Un jeune prospecteur de mes connaissances se servait d’une méthode assez inédite pour rechercher les minéraux. Il évitait les géologistes et les ingénieurs miniers et méprisait les rapports géologiques et autres documents relatifs aux formations minéralogiques dans le Chibougamau. Il prenait simplement une carte géologique du district et l’expédiait par poste à un ami qui habitait l’Europe. Cet ami possédait une planchette de ouija, ou une aiguille magique ou quelqu’autre appareil médiéval du genre, qu’il promenait sur la carte jusqu’à ce qu’il sente une réaction physique. Il marquait alors d’un petit cercle l’endroit désigné par les « esprits » et retournait la carte à notre prospecteur au Chibougamau, distant de 5,000 milles. Il y ajoutait des notes explicatives indiquant qu’à tel ou tel site,