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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

je m’en approchais, je remarquai un mince nuage de poussière devant moi. Je m’arrêtai, ahuri. Toute la vieille structure s’était écroulée durant la nuit ! Quelle chance j’avais ! Si le moulin s’était écroulé quelques heures plus tard, je me serais trouvé à l’intérieur en train de sonder sa solidité !

Je revins à Saint-Félicien. Le téléphone, dans ma chambre d’hôtel, résonna : c’était l’agent. « Le prix du moulin est de… commença-t-il.

Ne vous en occupez plus, criai-je dans l’appareil : j’ai changé d’idée ! Durant tout l’été de 1951, la route Saint-Félicien-Chibougamau bourdonna d’activité. Des autos privées et des camions roulaient dans un sens ou dans l’autre, chargés de prospecteurs. Les concessions changeaient de mains aussi vite qu’elles étaient jalonnées.

… L’embêtement au Chibougamau à l’heure actuelle me dit le prospecteur Bob Stewart, c’est qu’il y a trop de jalonnage et pas assez de prospection. On se précipite en hâte dans la brousse pour « staker des claims » et on en ressort trop vite pour aller les vendre. Ce n’est que dans un an ou deux que vous verrez les prospecteurs de la vieille école arriver dans la région avec leurs remorques, installer leurs familles aux abords de la route et explorer tranquillement le pays. Ils examineront le sol avec attention et ce sera eux qui feront probablement les plus grosses découvertes.

Bob est un solide prospecteur de soixante ans, doué d’une grande expérience. Il fut, durant plusieurs années, à l’emploi de Conwest Exploration Company. Il a fréquenté à peu près tous les territoires miniers du Canada et il a su m’intéresser, pendant des heures, avec ses propos sur la vie des bêtes sauvages.

… L’ours grizzly est un vrai monsieur, me dit-il : au Yellowstone, l’un d’eux pénétra dans ma tente durant mon