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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

d’épinettes rouges ; et son ciel mouvementé gronde, rit ou soupire, au rythme du vent et du chant des oiseaux du nord.

Les missionnaires jésuites sont les premiers blancs à explorer cette terre lointaine et farouche. Ils arrivent au cours du XVIIe siècle, brandissant le flambeau de la Foi, en route pour les rives sauvages de la baie d’Hudson. Ils remontent le Saguenay[1] ce fiord canadien, aux gigantesques escarpements, traversent le lac Saint-Jean, empruntent des rivières serpentant sur des centaines de milles, le long de durs portages, tantôt pataugent dans les marécages, tantôt escaladent les montagnes, allant toujours de l’avant, poussant sans cesse plus loin vers le nord-ouest, dans les aubes et les crépuscules…

Ils voyagent en compagnie d’Indiens montagnais et vivent comme eux frugalement et durement. Le père Charles Albanel, qui hiverna en 1651 avec la tribu, écrit :

« … Les Montagnais ne possèdent point de domicile fixe ; ils errent par les bois, gravissent jusqu’au sommet des montagnes d’une hauteur prodigieuse, à la recherche d’orignaux, de caribous et autres bêtes sauvages. Durant ces épuisantes expéditions, on souffre beaucoup de la faim, de la soif, des froids excessifs, de la fatigue et de l’écœurement, ainsi que de la fumée qui nous aveugle et provoque des douleurs intenses, et tout ceci sans consolation, sans réconfort et sans aucune aide de la nature »…

De l’an 1700 au milieu du XIXe siècle, il n’est guère fait mention du Chibougamau.

En 1870, le directeur des Recherches géologiques pour le Canada envoie un géologue, James Richardson, dans cette région. Son rapport contient la première mention

  1. « Saguenay » est un mot indien qu’on a interprété par « Eau » qui s’écoule, « inondation », ou « glace percée de trous » ; mais toutes ces significations sont controversées.