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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

ce cyclone-là avait happé une embarcation sur le lac, dit-il, il n’en serait rien resté que quelques éclats de bois.

Le Chibougamau n’est pas seulement le paradis des pêcheurs, c’est aussi celui des chasseurs de canards. La région est reconnue comme une de celles qui, en Amérique, voient passer le plus grand nombre d’oiseaux migrateurs. Olivier Gignac, chasseur et prospecteur très connu, m’a dit que les canards noirs se déposent sur le lac Rush en multitudes innombrables. « L’automne dernier, me dit-il, j’ai amené sur ce lac, par avion, deux Américains. Nous n’avons pas dormi de la nuit tellement était formidable le bruit au-dessus de nos têtes. Des milliers et des milliers d’oiseaux se déposaient sur les eaux ou en décollaient sans arrêt. Tout ce que nous avions à faire, c’était de pointer nos fusils en l’air et de tirer dans l’obscurité. À l’aube, nous ramassions les canards morts par vingtaines. »

Une des entreprises les plus occupées à Chibougamau, durant 1951, fut la Compagnie d’aviation du Mont Laurier, possédant des bases à Roberval et sur le lac Caché, à proximité de la ville. Leurs appareils petits ou gros, passaient chaque jour, en grondant, au-dessus de nos têtes, en route pour tous les points de cette région minière. Le chef de ces audacieux aviateurs de la brousse était « Terry » Coghlan, gérant de l’organisme et ancien pilote de bombardier, renommé pour sa bravoure durant la guerre.

Si les compagnies d’aviation se fiaient à des gens comme votre serviteur pour leur clientèle, elles feraient vite banqueroute. J’ai le vertige rien qu’à regarder du haut d’une galerie. Quelque mille pieds en l’air et me voilà dans les pommes. Lorsque j’étais dans la trentaine, j’ai possédé, commandé et navigué une goélette de 80 pieds, avec un équipage d’amateurs. J’ai parcouru ainsi 35,000 milles, accomplissant presque la circumnavigation