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L’ÉPOPÉE DE L’UNGAVA

à l’eau. Nous ne pouvons pas manger cent livres de poisson tous les jours et nous ne pouvons pas les emporter, puisque nous n’avons pas de glace. Nous partons demain pour essayer un lac près de Saint-Félicien, où l’on nous a dit qu’il avait été vidé de poissons !

Quelques jours plus tard, quatre pêcheurs du New Hampshire manquèrent de très peu un rendez-vous avec la mort. Ils avaient franchi le portage et s’apprêtaient à traverser le lac Chibougamau, lorsque leur moteur hors-bord fit défaut. Ils pagayèrent jusqu’à Rainbow Lodge et s’installèrent sur la véranda tandis que nous démontions les pièces de la machine.

L’allumeur défectueux du moteur leur sauva probablement la vie, car avec une soudaineté très caractéristique de cette région, le ciel s’obscurcit et un grain, de l’intensité d’un cyclone, frappa la maison. Cette fois, c’était quelque chose ! C’était la pire tempête que de mémoire d’homme on ait éprouvée au Chibougamau. Des lames gigantesques secouèrent la baie au bord de laquelle était Rainbow Lodge, tandis qu’une pluie torrentielle oblitérait le paysage. Puis des grêlons, de la grosseur des billes, tambourinèrent sur notre toit. Une trombe se forma sur le lac, monta en se tordant à une hauteur de plusieurs centaines de pieds et finit par se dissiper en direction du nord-est.

II est plus que probable que si les quatre pêcheurs n’avaient pas eu d’ennui avec leur moteur, ils auraient été au milieu du lac et on ne les aurait pas revus vivants.

Phil Bates, un étudiant en géologie qui habitait l’ancien poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson, sur le lac Chibougamau, me dit plus tard que la trombe était passée directement au-dessus de son camp, arrachant des douzaines de pieds de papier goudronné sur le toit. « Si