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L’ÉPOPÉE DE L’UNGAVA

Dans un autre avion arrivèrent le docteur Bruce Graham, géologue des Mines du Québec, Herbert Corbett et Cari Goddard, directeurs de Jaculet Mining Co. On m’avait dit que le docteur Graham était parmi les meilleurs de sa profession et qu’il faisait autorité en ce qui concernait le Chibougamau. C’est un homme mince, de haute stature, dans la trentaine ; il travaille constamment. Jamais on ne le voit inoccupé. Ses cartes et ses rapports sur la région, qui sont dans les classeurs du ministère des Mines, sont la preuve évidente (S’il en fallait une !) de sa formidable activité.

M. Graham établit son campement dans l’ancien poste de la compagnie de la Baie d’Hudson, sur les rives du lac Chibougamau, à deux milles de mes concessions. C’est là qu’il vivait durant les mois d’été, avec sa femme, ses deux jeunes enfants et ses assistants. L’installation était constituée de plusieurs habitations équarries à la hache (elles avaient une vingtaine d’années) et assemblées sans qu’on ait utilisé un seul clou : chaque tronc d’arbre avait été taillé de façon à s’ajuster étroitement à ses voisins ; ils formaient des murs hermétiquement étanches au vent et à la pluie. Lorsque, des années auparavant, les employés de la compagnie de la Baie d’Hudson avaient occupé ce poste de traite, ils s’étaient débarrassés des arbres trop denses et avaient semé de l’herbe. Maintenant, au cours de la belle saison, les bleuets et les framboises y poussent à profusion, sur un tapis toujours changeant de fleurs sauvages.

Accompagné d’étudiants en géologie et de ses aides, Graham se rendait en canot dans toutes les sections des lacs Chibougamau et aux Dorés, examinant les récentes découvertes, donnant des conseils aux prospecteurs et dressant des relevés. Il trouvait aussi le temps d’enregistrer tous les échantillons que ma foreuse mettait à jour.